dimanche 15 mars 2015

Quel dommage, nous aimions bien être ici - Maryvonne

Quel dommage, nous aimions bien être ici
Pianotant sans trêve sur ce morceau de bois.
Rêvant de bords de rivière éclaircis.
Imaginant comment il avait fait son choix.

Par les montagnes aussi nous nous promenons.
Car, pour sûr, ce gros caillou ne vient pas d'en bas.
Il a marché et marché pour trouver le bon.
Et c'est le bon, il n'y a pas débat.

On ne s'ennuie jamais, chaque jour tout change.
Un peu d'humidité et le bois craque, rétrécit.
De la chaleur et il se déploie tel un ange.
Le soleil vient, la pierre tiédit, sans soucis.

Ainsi, nous bougeons toujours un peu, doucement.
Devant vos yeux admiratifs, rien de figé.
Vie, éléments, homme sont unis tendrement.
Mais voilà, sans notre avis il a décidé

De nous sacrifier tous à la postérité.
De nous immobiliser en ce bronze si lourd.
Plus de mouvements, plus d'évolutions, raté.
Des heures et des heures, bloquées là, chaque jour.

Quel ennui, et encore, vous ne connaissez pas le pire.
Il faudra qu'à jamais nous cessions d'exister.
Avec ce bronze froid, nous ne pourrons plus vivre
Car il faut le couler sur notre identité.

Alors, adieu le vent, les rivières qui roulent...
Nous ne sentirons plus vos regards étonnés.
Nous serons placées quelque part dans un musée,

Sans plus qu'aucune sève dans nos veines ne coulent.


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